lundi, août 13, 2007

Sale temps.

Comme d’habitude – quelle rengaine ! – ces temps, j’en fous pas une. Alors pour me bouger, m’articuler, mercredi sur le coup de trois heures tandis qu’un ciel d’automne pas un ciel d’a/out, ni d’aou et encore moins d’out mais d’ou – c’est ainsi parait-il que nous devons prononcer le mois d’Août – sur le coup de trois heures et de tête j’ai décidé de prendre un train pour me rendre au festival des 6 pompes à la Chaux-de-Fonds. J’étais fière. Comme tout nous y incite je bougeais enfin mon cul après avoir débranché tout mon attirail électrique – on ne sait jamais, avec les orages. Il y a quelques années j’avais décidé de participer à un concours lancé par l’Académie de Dijon, pour marquer le coup et se souvenir de Rousseau qui avait empoché le premier prix grâce à son texte : Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. A l’époque j’avais un traitement de texte qui m’avait coûté plus que mon Pc aujourd’hui. La veille du jour dernier délai pour expédier mon texte planqué dans les entrailles de ma machine je regardais une émission sur Arte consacrée aux catastrophes. Il y avait un superbe orage avec des coups de tonnerre et des fulgurances qui ravissaient mes sens. Mais le lendemain matin je devais imprimer emballer et expédier mes trente pages. Hélas trois fois hélas elles avaient disparu. Pas moyen de les retrouver. J’étais anéanti. Aussitôt j’ai écrit à l’Académie pour expliquer mon malheur et par retour du courrier j’ai reçu une lettre qui disait substantiellement que j’avais de la chance dans mon malheur vu que pour quelque cause dont je ne me souviens pas, la date limite était reportée à plusieurs semaines. Tout ça à cause d’un orage. Evidemment je n’ai pas eu le courage, l’énergie ou quoi que ce soit d’autre pour recommencer.

Donc après avoir tout débranché et moi-même de toutes préoccupations indigentes j’ai pris le train – c’est le train qui m’a pris, en route sous un ciel de plomb, bouché, débile et très triste vers la Tchaux. A mi chemin il tombait des hallebardes. C’était si déprimant que j’ai failli renoncer et faire demi tour. Mais j’avais alerté un pote qui m’attendait. Dans une ville très déprimante avec ses longues rues toutes droites et quadrillée à l’américaine. Une ville qui était passée de la richesse à une pauvreté qui en faisait chialer le ciel. Et moins de 10 degrés de température ! Je grelottais, les muscles bandés à m’en faire mal sous ma veste coloniale et mon petit parapluie à la con. J’ai tout de suite été trempé jusqu’aux genoux sans parler de mes pompes qui pompaient la flotte. L’horlogerie m’avais très vite rapproché de Rousseau mais c’était il y a longtemps lorsque le romantisme avait un caractère révolutionnaire qui affectait davantage les pulsions et la superstructure que l’infrastructure. Parce que, comme le disait Kant en gros, on voit le monde comme on est intimement affecté. Là, je le voyais mal, triste et déprimant. Pourtant, sous le déluge, parmi les buvettes, ils étaient au moins deux à faire leur possible pour chasser les démons du ciel. Une jeune fille toute mince qui se battait avec un accordéon et son pote qui tapait le rythme sur une vieille enceinte. On buvait des vins chaux à fond. Puis on s’est réfugiés dans un bistrot pour se saouler un peu la gueule histoire de noyer notre chagrin qui, hélas, savait nager. Il y a parfois des pulsions qui vous enduisent avec de l’erreur ! Comme on m’avait conseillé de ne pas voir ma mère dans son cercueil pour garder d’elle un plus beau souvenir, jamais ne n’aurais dû venir à la Tchaux par un temps pareil. Je suis reparti le lendemain tout aussi triste en trempé.

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