lundi, avril 17, 2006

VER DE TERRE...

Je m'embarque sur la plus frêle des esquisses, juste au réveil, encore endormi, vacillant, entouré d'embruns sur une mer plate, huileuse, dénuée de la moindre information... Tout ralenti, dedans comme dehors.
J'ai repensé: la vie est un piége à con puisqu'on en sort pas vivant. Une pensée matutinale au mitan du rien. Une expérience risquée. Un échappement de chiasmes, de fumée de clope. Déjà la troisième d'un paquet sur lequel est écrit: fumer tue. Certes, et vivre tue aussi, la vie nous tue, la belle affaire!
En me mettant au monde ma mère ne savait pas qu'elle y mettait aussi la mort, une mort de plus. Les hommes ont inventé les dieux et les religions pour refouler cette évidence mortifère. Tous les rites, les pompes, la solennité... stratégie de déni, refoulement de l'horreur. Le meurtre, la guerre, un retour intempestif du sacrifice originel.

Je crois que c'est dans la généalogie de la morale que Nietzsche propose que l'on exterminât parfois toute une génération. Il ne se doutait pas que quelques années après avoir fait cette géniale proposition les hommes la mettre à l'ordre du jour.
Personnellement je propose que l'on procède dès aujourd'hui à une purge mondiale qui élimine la moitié de la population mondiale afin d'assurer une vie meilleure à l'autre moitié. Une fois pour toute foutre à dieu, quelqu'il soit et pour ceux qui y croient, une formidable indigestion. Qu'il n'en puisse plus et qu'il en crève! Une bonne fois pour toute! Pourtant je pense sincèrement que les soi-disant croyants, au fond, n'y croient pas... Ils font semblant, se plient aux croyances communes, aux habitus. Ca remonte à si loin! Et plus c'est vieux, plus c'est archaïque et plus il leur est difficile de renoncer. Plus c'est loin derrière et plus ils sont portés loin devant dans l'illusion de l'immortalité et de l'éternité. Au fond l'homme est risible et je ne voudrais pas être moi aussi moins que risible. Mais c'est inévitable. Et que l'on endosse les habits de la tragédie ou ceux du carnaval c'est kif kif. Juste une question de sensibilité, de style... Le style, encore une forme de mensonge, le masque du sacré sur l'ignoble, la mort travestie... J'avance masqué. Le masque nous colle! Il est là aussi depuis si longtemps et fixé par la pourriture que notre narcissisme est bien la dernière instance protectrice, miroir déformant de soi et de l'altérité qui est aussi le même. Mme Bovary c'est moi, disait Flaubert. Nous sommes tous Mme Bovary quoi qu'on en pense et dise. Pas mithridatisés pour un rond! Souffrants toujours déjà de cet empoisonnement que la vie nous inflige, toutes ces petites cellules de merde programmées pour tuer, créer l'illusion.
J'entends toujours dire que les illusions sont nécessaires, qu'elles aideraient à vivre... je ne crois pas, je pense même que c'est le contraire vu qu'elles sont toujours un jour ou l'autre défiées par la réalité. Qu'alors leur disparition soudaine, bien que remplacées par d'autres au goût du temps et de la mode s'imposent, leur disparition momentanée laissent entrevoir en ce vide atroce des blessures purulentes déjà bien avancées, provoque une sorte de vertige, celui qu'éprouve le ver de terre accroché à l'hameçon, dans un milieu hostile et sans espoir. Qu'est-ce que ça fait d'être un ver de terre dans cette situation? Je crois que d'emblée ça fait MAL, et que tout le problème est là.

Aucun commentaire: