samedi, mars 24, 2007

Restes.

Ce blog et moi. L’autre jour je résonnais (forme idiosyncrasique d’un écho à répétition) sur la littérature et plus banalement sur l’écriture. Aujourd’hui je suis bien oublié (par qui ?) de m’interroger sur les motifs qui me déterminent.


Superficiellement je dirais que c’est le plaisir d’écrire. Non pas bien ou mal écrire, juste écrire. Soit, mais encore faut-il avoir quelque chose à dire qui ne soit pas précisément toujours la même chose, cette redondance comme symptôme impulsif, telle une sorte de barricade, de muraille constituées de milliers de parpaings, de blogs de pierres etc., alibis derrière lesquels le silence et le désert ne seraient que le terrain vierge d’où ne viendront jamais les barbares, je veux dire les Tartares.


Ah ! En parlant de barbares il ne revient un propos saisi dans la bouche d’un défenseur de Heidegger lors d’une émission consacrée à ce dernier et animée par Elkabbach (lequel parfois ferait bien lui aussi de se taire – depuis le temps !) Donc, cet avocat du diable, pour démontrer que le Souabe en culotte de cuir méprisait les nazis nous a sorti une petite phrase du philosophe dans laquelle il traitait les nazis de barbares. Or, pour les Grecs, les barbares c’étaient seulement les autres, c’est-à-dire tous ceux qui ne parlaient pas langue grecque. D’autres part, les nazis eux-mêmes se définissaient comme des barbares et ils en étaient fiers.


Bon, cela dit j’en reviens à ce désert encore désert et au silence qui le hante toujours et non seulement le mien mais encore celui de ceux qui n’y viennent jamais. Je suis bien obligé ici de constater que tout ce que j’ai écrit jusqu’ici est resté sans conséquences, ce qui me laisse supposer qu’en dernière instances je suis celui qui écrit et celui qui lit, cette sorte de bactérie archaïque dont la bouche et le cloaque étaient unis, fermée sur elle-même.


Donc je suis le seul sectateur du mon cirque (joli lapsus) moi qui voulais écrire spectateur de mon cirque intérieur, lequel est celui d’une interprétation du monde (et là évidemment je pense à la XIe thèse de Marx sur Feuerbach) où de moi-même qui se résume sans oser l’avouer à une autoanalyse. C’est ridicule vu que j’ai longtemps été en analyse. Mais c’est un pli radical qui favorise la jointure des extrêmes, vu que moi et le monde sommes un tout et que l’un ne va pas sans l’autre. Mais lequel est-il la conséquence de l’autre ? A propos de l’œuf et de la poule un grand biologiste disait que l’œuf avait trouvé dans la poule le meilleur moyen de se reproduire.


Soit, mais qui se reproduit dans quoi ? Je me reproduis dans l’écriture. Mais si je est toujours un autre qui s’avance masqué alors cela veut dire que je n’ai jamais été autre chose que le langage et comme le langage n’est pas ma propriété mais une conséquence de la nature alors je suis bien le monde entier et son processus d’autocréation de toutes les représentations qu’il porte en lui, en nous.


Je vois bien que cela m’éloigne encore une fois du souci relatif au caractère intime de l’écriture que je tente de saisir et de ces motivations. Ce n’est pas la première que je constate que la profondeur AHAHAH !!! et l’obscurité, la lourdeur même, sont identiques. Ce qui est vrai n’est jamais si profond que tout à côté et A. Edgar Poe l’avait aussi et déjà pigé. Et ce n’est pas juste à côté alors c’est à nous à faire parfois un pas de côté. A changer de position. A ce situer ailleurs. Non plus dans le langage comme logomachie – c’est fou comme j’aime ce mot et je ne crois même pas que ce soit la présence du logos qui en soit responsable – mais tout le reste qui n’est précisément que restes.

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