lundi, février 19, 2007

"How many selves"

A cette heure-ci, en général, tous les lundis matins je me sens surexcité. Je tourne en rond, en bourrique, dans mon crâne le chaos des mots et des émotions, le fil d’Ariane se rompt ou alors il y a des nœuds. Un nœud. C’est que, le lundi matin dès l’aube, après le café je lis les critiques du Monde des livres et la moitié de la quinzaine littéraire. C’est dire que sous mon crâne pas si volumineux que ça, mille, cent milles mots et autres représentations se télescopent, se fixent, se dissipent, se transforment au lieu que, en dépit de toutes mes tentatives, ils se synthétisent comme un ensemble cohérent facile à appréhender, une image ou un concept facile comme une Weltanschauung. C’est idiot je sais. Mais en même temps je vois bien que d’une manière disons général c’est la même litanie du monde des hommes qui se dit sous des modes des styles des sensibilités divers. Un monde sans scrupules, un monde de contingences avec ses constantes, un monde infernal créé par les hommes, des hommes agités par ces constantes que sont le désir, la peur, le questionnement. Pourquoi ? Comment ? Et chaque livre est une tentative de réponse personnelle, atavique. En somme, nous sommes tous des flics, des flics et des voyous ! Nous souffrons, nous recherchons la cause et nous trouvons toujours l’autre, le bourreau, le loup au coin du bois et parfois le loup nous ressemble comme deux gouttes d’eau parce que nous sommes le bourreau et la victime. Les plus malhonnêtes, les plus hypocrites trouvent la plupart du temps dieu, c’est plus simple ainsi. Tout ce petit préambule pour en arriver là où je le voulais. Après le mot « ainsi » j’ai eu comme un trou. J’aurais pu faire comme certains auteurs, répéter : c’est plus simple ainsi. Mais en général, moi, je me lève, je tourne un peu, j’allume ma énième cigarette, déjà, et je vais saisir un livre parmi, n’importe lequel, que j’ouvre au hasard. Ou alors je fouille dans les centaines de petites notes qui trainent dans mes poches et partout autour de moi.

Je suis passé par ces « Exilés de la mémoire » de Jordi Soler, l’histoire d’un républicain espagnol parti au Mexique après la défaite, non sans avoir transité dans un camp de concentration français, et qui revint en soixante pour tuer Franco sans y réussir mais qui en perdit un bras, ce qui est beaucoup en guise de souffrances -, pour tomber déjà bien affaibli dans celles d’une femme, une « Suédoise libre et scandaleuses », Kerstin Thorvall, 81 ans qui avait fait scandale avec son premier livre « Le tabou » en 76 parce qu’elle y parlait de son désir de liberté sexuelle, de n’être pas une Bonne mère, ni une femme Fidèle dans un pays plus puritain qu’on se l’imagine mais qui vécu tout de même, un certain temps la vie d’une vie d’une femme soumise comme il faut mariée à un homme psychotique – en somme un homme normal, qui milite pour un monde meilleur. Mais, elle va tout de même s’émanciper, au terme d’une trilogie dont le premier tome a pour titre ; « Le sacrifice d’Hilma ». Je ne sais pourquoi je pensais alors à la lettre écarlate.

Ensuite j’ai replongé dans dans « Sa passion » de Véronique Olmi. Ici ce sont des femmes dans un appartement communautaire soviétique, là, encore des femmes, infirmières dans un univers carcéral et encore, une mère à bout qui emmène ses enfants au bord de la mer avant de les tuer, et puis une femme enfin qui tue l’amant qu’elle aime à cause d’un sourire. Partout c’est Eve chassée du paradis.

Mon moral est au plus bas.

Ensuite, je poursuis plus lentement, les yeux, ça fatigue vite. « Se résoudre aux adieux », encore une histoire de rupture, une femme qui écrit des lettres à son amant, un type marié qui est retourné vers sa femme. Elle écrit par exemple « c’était moi, ça ne l’est plus ».

Je me posais aussi cette question. Et j’ai continué ma lecture, je rampais sur la moquette. « Vorace », le premier livre d’une femme encore, une femme boulimique qui se fait vomir, une femme parmi d’autres qui fut violée toute petite aussi et qui vit avec un type qui maigri tandis qu’elle grossit et qui finira par mourir de leucémie.

J’avais ma dose. Je crois que je vais aller me détendre sur un site porno - toujours moins pornographique que le monde en général.

Aucun commentaire: