jeudi, septembre 06, 2007

Bricolage.

Je suis condamné à me répéter sans cesse. Par exemple chaque fois que j’allume une cigarette : « quel con! » Ou bien : « tu es suicidaire ». Aux chiottes pareil. « Merde, ça pue ! » Je me regarde dans le miroir de la salle de bain : « Merde, qu’est-ce que tu es vieux ! » Ou bien : « Bon, et alors ! C’est pour tout le monde la même chose ! » …………………………………………. Un foutu temps mort ! Tout juste si ça gazouille ! Des clapotis ! Rumeurs de fonds. Envahi par du bruit physiologique. Ipséité caverneuse, guerre des choses. Inclusions exclusions. Faire la différence, toujours ! Répéter c’est encore différer. Le statut c’est une compulsion un peu forclose. Il n’y a pas débat, à peine si quelque chose s’y débat, casse de la vaisselle. Bagarre, c’est une re/pétition de principe et j’insiste. J’ai du bide de plus en plus. Immobile. D’une pièce l’autre et les couilles entre les jambes qui ballottent. Vraiment. Je ne sais plus quoi penser cogiter hyperboliser. Si je pense que nous sommes toujours déjà dans le futur c’est nous inscrire dans un destin et ça ça me fait chier tout comme cette possibilité d’une histoire universelle dans nos gènes codifiés – le reste ne relève plus que de l’interprétation. L’autre jour, à la télé, C dans l’air, quelqu’un disait que tous les hommes d’idées du parti socialiste avaient fichu le camp et que c’était justement les idées qui manquaient au parti. Ca m’a fait rigoler. En France on a toujours pas de pétrole mais voilà que de surcroît on a plus d’idées. Foutaise ! C’est pas les idées qui manquent. C’est juste qu’elles ne sont pas un principe d’action. Les idées sont à la pratique ce que la réaction est à l’action. Dans le même dilemme que la poule et l’œuf. On se jette dans l’action et on se projette dans la pensée. Et si c’est l’œuf qui a choisi la poule pour se reproduire on est bien là dans l’éternel retour du même.

Par là je veux aussi dire sans rire que nous sommes postmodernes avant même d’avoir été vraiment modernes. Pour dépasser la modernité il faudrait réaliser sont concept débarrassé des mythes et des formes de la pensée médiévale voire antique qui ne cessent de le plomber. C’est bien joli de vouloir toujours faire l’«Histoire » des concepts, l’ « Histoire » de l’histoire que cela soit celle de la philosophie ou de l’universalité. Je dis bien joli parce que c’est ce qu’il y a de plus naturel vu que l’esprit, je veux dire la pensée cohérente n’a jamais procédé autrement. C’est là le symptôme d’une accumulation voire d’une érudition qui vaut généralement son pesant d’or. Parce que le réel est l’impossible par excellence bien que selon certains penseurs il soit aussi rationnel, nous voilà toujours obligé de bricoler dans la fiction jusqu’au point où elle parait adéquate à son sujet bien plus qu’à son objet. Il y a toujours dans les traces de l’histoire des faits ou des arguments ad hoc – pouvoir de l’interprétation – qui nous fait mettre le doigt sur la chose ou les mains dans la merde. Chaque esprit révise selon ses affections et une position qu’il s’agit toujours de défendre contre vents et marées. Une fois que nous avons pris la mesure de l’animalité de l’être soi-disant humain puis trop humain nous sommes encore loin du trop moderne cette ombre par-dessus laquelle nous sautons allégrement parce que nous somme tellement les plus intelligents de toutes les espèces vivantes comme si l’intelligence était le degré supérieur de tous les instincts qui participent à l’histoire de tous les genres.

Qu’est ce qui réagit en nous lorsqu’on nous dit que nous venons de découvrir dans notre univers un espace colossal large d’un milliard d’années lumière vide de toute matière, absolument vide !!?? Est-ce qu’une si inouïe découverte provoque un effet psychologique, dans la mesure où elle est incompréhensible, est-ce qu’un instinct est ici sollicité et lequel, sinon l’instinct de survie vu que ce vide énorme pourrait être comme le cancer de l’univers, une maladie mortelle qui est en train de s’étendre jusqu’à nous ? Une telle découverte donc nous menace. Mais c’est parce que nous nous sentons toujours menacés. Parce que si nous faisons cette découverte aujourd’hui on peut imaginer que c’est parce que ce vide grandi et que nous ne le percevions pas encore lorsqu’il était encore trop petit ! Peut-être, le vide, comme le nihilisme sont-ils les ultimes propriétés authentiques de notre univers. Mais nous tenons tellement à notre peau ! Et c’est aussi tellement normal ! Parce que sans elle, quelle horreur ! Quelles odeurs ! Jésus avait bien raison de dire que rien qui entre en nous est mauvais, seulement ce qui en sort. Et encore, de la bouche ! Ah nous pourrions en dire tant sur les haleines ! La puanteur des mots ! Flatus… maladie vénérienne, vénérable ! Ces remontées de viscères, de mal digestion, d’ulcères là, dans les sons, l’ambiance ! De la philosophie contre les grincements de dents, de la théologie contre le mal de dents. Reconnaissons que nous avons bien fait les choses et que nous sommes encore dans cet âge inauguré par Hegel, malhonnête, régi par la magie des mots éclatants et par le pouvoir du jargon, comme disait Popper. Ah zut ! Hegel, Popper, Karl Popper et Karl Marx la dialectique et ses ennemis. Nombreux sont ceux qui les ont encore dans la peau. Et ça démange, ça gratte et grattouille jusqu’à l’âme… Je veux dire jusqu’au sang.

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