vendredi, décembre 07, 2007

Coup de boule.

J’aurais dû nommer ce blog coups de tête ou mieux, coups de boule. Pour plusieurs raisons dont la principale est que j’écris presque toujours mes propos sur un coup de tête – on pourrait même dire de façon pulsionnelle. Pulsionnelle aussi parfois ma façon de lire, à toute vitesse, trop vite, pressé par je ne sais quelle urgence qui transcende le sujet. Pourtant, c’est là que je suis le plus triste, lorsque j’arrive à la fin de l’ouvrage. Mais si je relis les choses qui sont passées à l’as quand je lis, il est très rare que je relise ce que j’écris. J’ai repris si souvent des manuscrits en voulant corriger ici et là – qu’à la fin je corrigeais tout c'est-à-dire que ce n’était plus le même li… Je veux dire le même manuscrit, la même histoire que j’en étais malade, parce que la lecture et l’écriture sont une maladie, une école de souffrance et d’angoisse parce que la lecture nous confronte aux limites de notre imagination sans parler de notre intelligence, de nos prétendus savoirs. Quant à l’ordre que nous affrontons dans la création littéraire et pour peu que l’on ait des prétentions scientifiques ou même plus fréquemment pseudo-scientifiques c’est la paranoïa qui nous guette et souvent pour la simple raison que les écrivains sont tous des voleurs qui s’entourent de petits papiers sur lesquels sont portés les fleurs glanées dans les jardins d’autrui. J’avais des boîtes pleines de ces menus larcins mais la peur d’être découvert a fait que je ne les aie jamais utilisées. Les malins et ils sont nombreux ce garde bien de copier mot pour mot une phrase, une citation piquée et le meilleur moyen de copier sans être chopé c’est, je dirais, le style. Allez trouver chez Céline des trucs piqués à Rossard, Rabelais… Une harmonie à Wagner ou à Eric Satie, une posture à la Isadora Duncan. Ce n’est pas ici une critique, entendons nous bien. L’intérieur trouve toujours sa nourriture en dehors de soi et le roman est toujours ce miroir qui se promène le long de la route, miroir déformant naturellement et plus ou moins flou, parce que nos sens sont tels… Et dès que le monde devient pur processus discursif il est captif d’une finalité qui lui est totalement étrangère, une forme initiale de notre aliénation qui rend tous nos efforts assez vains, vaincus sournoisement par la nécessité ou nous sommes de nous adapter vu qu’il en va de notre survie, ne serais-ce que survivre pour continuer de lire et d’écrire.

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