jeudi, décembre 06, 2007

Liberté d'expression.

Une grande interrogation, de nos jours, me semble bien être celle de la liberté d’expression. Je ne vais pas revenir sur ce qu’en disait Voltaire, tout le monde connaît. Elle avait fait grand bruit dans les années 80 lorsqu’ une clique d’intellos frouziens comme Finkelkraut, Yves Laplace et quelques autres jaloux s’en prenaient à Noam Chomsky qui avait non seulement préfacé un livre mais également signé une pétition parmi 500 autres qui s’élevaient contre l’interdiction d’enseignement du professeur négationniste Faurisson. Une émission de télé Campus avait donné la parole à Finkelkraut, lequel, toujours aussi bavard s’était écrié alors en parlant de Chomsky : « Je croyais cet intellectuel déshonoré par sa préface à Faurisson et par son ardente négation du génocide cambodgien. Je me trompais. » Finkelkraut est parfois pire que l’idiot de la famille, mais forcément, quand on ne lit que ses propres livres, en tout cas il n’avait pas lu ce que disait Chomsky : « le simple fait de discuter avec des négationnistes de l’existence des crimes nazis, revenait à perdre notre humanité. » Ni même ce commentaire : « que la liberté d’expression, pour être réellement le reflet d’une vertu démocratique, ne peut se limiter aux opinions que l’on approuve, car même les pires dictateurs sont favorables à la libre diffusion des opinions qui leur conviennent. En conséquence de quoi la liberté d’expression se doit d’être défendue, y compris, et même avant tout, pour les idées qui nous répugnent ».

Et pour moi, c’est cette phrase justement que fait problème. Mais ce n’est pas là-dessus que les penseurs et philosophes frouziens et aboutis s’appuyaient pour tenter de disqualifier Chomsky. Non, ils lui en voulaient pour avoir montré et dit que l’impérialisme occidental et américain en particulier savaient mieux que quiconque cacher à l’opinion publique les victimes de leurs nombreux et historiques massacres et autres génocides. Ils prétendaient ces tartuffes que sous prétexte de dénoncer les millions de victimes (5 aux dernières nouvelles) de la guerre du Vietnam que Chomsky ne faisait que nier le génocide des khmers rouges.

Que disait Finkelkraut ? « Qu’a dit Noam Chomsky au moment du génocide Cambodgien ? Là il n’y avait pas d’image, mais il a dit il ne s’est rien passé au Cambodge, parce que pour Noam Chomsky, rien ne peut avoir lieu... si vous voulez, aucun, aucun... aucune oppression n’est possible, sinon l’oppression américano-sioniste. Donc tous les autres événements n’existent pas, et ça c’est très très grave. » Evidemment Chomsky n’a jamais prétendu rien de tel. On peut dire que cette référence est inactuelle. Qu’elle ne répond pas à la question de la liberté d’expression, laquelle dans un autre texte faisait pour moi problème même si je la défends. Mais défendre un principe, un concept aussi complexe que la « liberté » + l’ « expression » que l’on résume par le fait que chacun est libre de dire et d’exprimer tout ce qu’il pense à des limites qui sont définies par le politiquement correct, par les lois sur le racisme, toutes sortes de contraintes morales, scientifiques, juridiques, religieuses etc., nous voyons bien que ce principe est plein de piéges pour le simple pékin. Evidemment pour les pouvoirs de quelque nature que ce soit la liberté d’expression est seulement limitée par le secret d’Etat. Il n’est pas libre de dire la vérité, mais il est libre de mentir. Sibel Edmonds et d’autres en font la douloureuse expérience. Vu que dans un Etat de droit la liberté est définie négativement c’est-à-dire par les lois qui garantissent cette liberté, tu ne dois pas… qui touche à la pratique, au faire, même si le faire une forme du dire, le dire n’est jamais ipso facto une forme du faire vu que ce dernier ne peut mentir. Le dire est toujours dans la fiction même s’il est la description au plus près d’un processus empirique. Dire que le faire ne peut pas mentir relève bien entendu d’une interprétation subjective des circonstances et des conséquences, de l’intentionnalité. L’expression d’une pensée fut-elle une conviction et une conviction n’étant jamais qu’une forme de l’idée fixe, d’une obsession, jamais la caution d’une vérité, la moindre des choses est de toujours voir ou d’entendre sous le signe du doute. Toujours pourtant le doute est balayé par l’autorité. Dans la science il y a le principe d’incertitude, la relativité à balayé le temps et l’espace absolus, la mécanique quantique toutes les certitudes. Nous spéculons et nous attendons les effets de cette spéculation et entre le moment ou nous spéculons et le résultat le monde a déjà changé et tout revient semble-il au hasard. A la chance. Mais il semble bien que les changements du monde n’affectent jamais les processus mentaux profonds, ce qui peut faire croire qu’il y a toujours une sorte de hiatus entre le monde et le fait de le penser et de le décrire. Mais nous sommes toujours libres de penser, moins libres d’exprimer nos pensées et paradoxalement plus libre encore de faire, même si cette liberté est entravée par un processus mental profond comme la peur. Je ne sais pas si Sible Edmonds ou Noam chomsky ont peur et tous ceux qui, dans tous les pays du monde s’activent à la recherche de la vérité ou bien du mensonge ont peur, mais en tout cas ils sont courageux et ce n’est pas cas de ceux qui écrivent ici, dans le confortable anonymat d’un blog où la liberté d’expression ne souffre d’aucune entrave… Enfin, presque !

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