lundi, octobre 22, 2007

Clichés.

Dimanche matin, sur le coup de dix heures, j’ai quand même voté socialiste et plutôt deux fois qu’une. Je n’avais pas le choix. Tous les autres étaient à droite. Y aurait-il eu des représentants de l’extrême gauche je n’auraient pas voté pour eux même si le cœur plus que la raison m’y inciterait. J’ai déjà dit pourquoi. Nous sommes tous déchirés, eux se déchirent alors qu’ils prétendent défendre les mêmes principes, les mêmes valeurs et autres mots d’ordre : solidarité, révolution, justice sociale etc. Le train de l’histoire est toujours le plus fort dans ce rapport de force. Il ne reste que la résistance, ce petit raidissement individuel, maniaco-dépressif et autodestructeur dont je suis captif. La droite l’a donc emporté et c’était prévu, la « gauche » laminée. C’est aussi ça la démocratie. J’ai peu suivi une campagne qui semblait se résumer à une bataille de personnes. Un noir, ancien requèrant d'asile a été élu au Conseil National, tant mieux. Ca doit faire chier un chef de la police raciste qui lui cherchait des poux. Après son élection l'élu a dit:

Je ne cherche pas a être un anti-Blocher, je n'ai pas été désigné pour combattre quelqu'un mais pour défendre des idées et ma région.

Un copain musulman - j'en ai un ou deux m'a dit : moi a sa place je défendrais l'islam.
Du coup j'ai perdu un copain.

Contre le milliardaire populiste Blocher et ses moutons noirs certes, mais pas un mot sur son ultralibéralisme et ses talents d’exploiteur de l’homme pas l’homme. Blocher le nationaliste cet avatar de la mondialisation capitaliste. Sa victoire va dit-on terni l’image de la Suisse. Et alors ! Elle était déjà floue et fausse elle ne peut devenir que plus transparente et va enfin transparaître. Telle qu’elle est avec ses riches toujours plus riches et ses pauvres toujours plus nombreux et plus pauvres telle qu’elle l’est depuis belle lurette. La Suisse humaniste, du folklore ! Une image travaillée par les idéologues bourgeois, peaufinée à l’excès. Que le verni s’écaille enfin, tombe. Aux rebus les acquis concédés par les bourgeois durant la guerre froide, quand le patron c’était l’Etat et l’armée, quand les banquiers étaient colonels et les hauts fonctionnaires majors. Ceux qui décident et ont les moyens d’imposer leurs décisions ce sont ceux qui possèdent le fric. Et comme disait l’autre : si tu vois un banquier sauter par la fenêtre saute derrière lui il y sûrement de l’argent à gagner. C’est ça l’horreur économique dont parlait le poète. Et l’unique matière première dont le prix ne monte pas dans les bourses… enfin, si ailleurs sa monte si ce n’est pas le prix, c’est bien celui de l’être humain. La pléthore ! C’est dire qu’il ne vaut plus grand-chose, qu’il soit noir blanc jaune ou vert fermé sur ses certitudes dont plus courante est qu’il vaut plus que l’autre et que son destin est de se venger d’avoir valu moins jadis. Les illusions nourrissent toutes le vengeances. Il aura fallu des siècles aux bourgeois pour arracher le pouvoir à la noblesse et au clergé et il en faudra autant aux désillusionnés de la modernité pour en arracher un peu au pouvoir de la finance. Le nombre ne fait la force que dans les configurations archaïques… la productivité aujourd’hui en est la preuve. Moins on est plus on est efficaces. Evidemment, les groupuscules de l’extrême gauche prouvent aussi le contraire c’est pourquoi ils ne manquent pas de faire un bout de chemin avec les fascislamiques, dans la même impasse qui fut celle des mouvements extraparlementaires italiens qui voulaient aussi faire un bout de chemin avec les fascistes. Mais le monde n’est plus dirigé par les idéologues mais les hommes d’affaire, qu’ils appartiennent la camorra, la dranghetta, la CIA ou le KGB ou encore le complexe militaro-industriel, IBM et Microsoft, Coca cola et Novartis, Nestlé ou Gazprom, et tous ont le même but, vider nos poches. Leur instrument pour dépouiller les gens, la publicité.


En France Sarkozy s’est fait élire haut la main avec les mêmes idées que Blocher en Suisse. Freiner l’immigration sauvage, expulser, limiter les aides aux clandestins et il fait un tabac aux pays des Droits de l’hommes… ça c’est les Droites de l’homme. Il a même aspiré dans sont tourbillon des hommes et des femmes soi-disant de gauche. A-t-il nuis à l’image de la France ? Et puis, un homme peut-il être l’image d’un pays ? Cette idée saugrenue montre bien à quel point nous aimons les images, les idoles, les icônes, les clichés. Les clichés débiles de la Suisse sont en train d’être falsifiés et c’est une bonne chose.

Aujourd'hui sur ordre expres de Sarkozy les lycéennes et les lycéens redront hommage à un jeune résistant communiste fusillé par les nazis. Un parmi des dizaines de milliers, un jeune de 17 ans et je me demande pourquoi lui. Pourquoi lui qui déteste le communisme a-t-il choisi justement un communiste? C'est louche. Sa lettre l'a fait pleurer... zut, moi aussi. "A ma petite maman chérie, ça commence, dans l'intime, la famille, c'est sûrement ça qui émeut le Président, la famille... pas le communisme ni la résistance ni la mort prématurée... Mais le patriotisme, ah le patriotisme! L'identité nationale!... La nation, pas le peuple. Le petit Guy, encore une icône bientôt sur les tishurts, les posters, en tatouages... Un message pour les jeunes... Visez le courage, l'héroïsme, le sacrifice de soi! Pauvre petit Guy qui avait choisi de se battre, pas de mourir, surtout qu'il n'avait encore jamais embrassé sa bien aimée, c'est le plus triste, de mourir sans avoir connu l'amour.

Ah, et puis les polonais ont viré l'un des deux jumeaux, reste à virer l'autre... Bien pire que notre tribun milliardaire, big boss de l'UDC et copain comme cul et chemise avec le PRD. Au deuxième tour ils font parfois ticket commun. Normal, les mecs de droite avec les mecs de droite, le fric avec le fric. Tout comme Sarkozy qui a su attirer les partisans de Le Pen, et dire que j'ai voté pour des socialistes... Les fossoyeurs de la lutte des classes, du prolétariat, qui s'en employé à lumpenriser le prolétariat... Les bras m'en tombent, on bricole vraiment dans l'innommable.

Aucun commentaire: