mardi, octobre 30, 2007

Propaganda.

Il y a longtemps, quand j’allais discuter sur le forum du « Monde » avant qu’il ne m’en coûte cinq, six euros pas mois ce qui n’est pas grand-chose mais j’avais des problèmes techniques pour faire parvenir cette somme alors j’ai laissé tomber. Dommage, parce que je me souviens qu’il y avait alors des gens passionnants, brillants autant que farfelus. Je suis allé ce matin jeté un coup d’œil mais je n’y ai vu aucun des pseudos d’alors. On-t-ils déserté ? Changé de nom, passé à autre chose ? Au blog ? Au site perso ? Fulcanelli, entre autres, (FULCANELLI signifiant le Feu du Soleil était déjà le pseudo d’un alchimiste) un type à l’imagination mystico-pseu-scientifique mirifique. Moi j’avais comme pseudo RDV 1942. Toujours aussi paresseux. Letel, je crois bien, un pseudo que je voulais rencontrer au bar du Hilton de Roissy m’avait demandé si cela voulait dire rendez-vous à 19heures quarante deux.

Sur un site je suis tombé sur de contributions d’un Letel qui finit ainsi : « Il faut des milliards d'ajustements décentralisés, pour avoir une chance d'avoir un système qui répond aux besoins. La liberté des prix joue ce rôle.
Bon, tyrannie + pénurie, vous pouvez garder votre brillant système pour vous
».


Pas de doute, c’est tout à fait son style ; me traitait aussi d’hystérique… et il avait raison, mon psy l’a confirmé, mais quoique je ne partageais pas vraiment toutes ses idées – très proaméricain, social-démocrate etc., attaché aux « faits » comme une moule à son rocher – je trouvais avec lui quelqu’un à qui parler. Bref, passons. Ce matin donc je me suis demandé si je pouvais retrouver quelques une de mes contributions histoire de mettre la main sur les propos que je tenais relativement à la publicité comme nouveau moyen de propagande. Cette idée m’a été inspirée par la lecture d’un article du Monde des Livres intitulé « Les sortilèges de la persuasion », dans lequel il est question de la storytelling, la machine à fabriquer des histoires et a formater les esprits. Une technique qui consiste à inventer des histoires (fake story) destinées aux journalistes politiques afin d’évacuer les vraies questions de sociétés et de détourner l’attention des véritables problèmes. Un peu comme a tenté de le faire cette pauvre mais célèbre journaliste yankee de CBS avec Sarko et Cécilia. Bref, Ce storytelling managment permettrait comme le disait un conseiller de B.Clinton, de faire élire n’importe quel acteur d’Hollywood à la condition qu’il ait une histoire à raconter. Une histoire avec des gentils et des méchants en somme la façon la plus efficace pour réenchanter le monde de la politique ou de la pub comme Nike qui pour faire oublier qu’il exploite des enfants prend des engagements écologiques. Ainsi, ce dont on ne parle pas n’existe pas. C’est désormais aussi l’autocensure qui est à l’œuvre. Comme le dit Guy Hermet (toujours dans Le Monde) notre liberté de parole est de plus en plus encadrée par une sorte de préservatif lexical qui garantit la « bonne » pensée. Aussi, comment choisir quand tout le monde raconte des histoires sur les hommes et les produits, quand les mots ou les images servent de paravent à la réalité, celles des jours, celle que l’on vit et qui nous fait douter de tout, de nos jugements, de nos sensations, de nous-mêmes ? Quand le vrai et le faux se mélangent comment ne pas se perdre ? Certes, nous devons faire un trait sur les certitudes, vaquer dans l’incertitude, l’incertain, promis au rang de concept scientifique, entendre gouvernance au lieu de gouvernement, concurrence au lieu de lutte des classes, dire fasciste plutôt que sale fasciste, communiste ou capitaliste : sale c’est vilain, insultant. Donc, plus de sales cons, plus que des cons captifs de plus en plus de la novlangue et du politiquement correcte, des guerres propres, de la chirurgie esthétique et des fausses lèvres pour de faux mots. Quand enfin tout sera faux tout sera vrai. Un véritable monde quantique, enfin.

Le dernière phrase de Letel illustre bien ce monde-là.

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