lundi, octobre 15, 2007

Le sexe de la femme.

Donc, tout change….

Combien de fois par jour – tout change – c’est plus comme avant – nous disons : mon œil ! Mon cul oui ! Et ce pour une très bonne raison, c’est que rien ne change vraiment, au fond. Juste à la surface, l’infrastructure quoi. Mais au fond, on est toujours fixé sur la configuration historique de nos préoccupations basiques. Le sexe et son rejeton débile la religion avec les corrélats indissociables la répression et la culpabilité. Toujours la peur des femmes, la haine des femmes, amour-haine des femmes. Depuis l’ancien test-amant et la toute première femme tuée par votre dieu unique cette malheureuse Lilith dont Adam ne voulu point qu’elle fut son égale. Aussi, il est de plus en plus question du sexe de la femme, mystère de tous les mystères et l’origine du monde – de quoi faire se ratatiner toutes les bites de nos machos invétérés. Le sexe de la femme, première blessure narcissique des mecs. C’est de là qu’ils sont jetés au monde et point de cuisse de Jupiter. Et les mecs ça les fâche, ça les angoisse, tourneboule et surtout les agite du bocal. Ils en finissent plus de fantasmer en bien et en mal, d’en faire de l’art et du cochon, du divin-abject-objet de haine passionnée et meurtrière. On y pratique aussi la déconstruction, l’errance vers des origines qui nous emmènent vers la nuit des temps d’avant, avant le big bang, d’avant être, comme Pascal Quignard dans son beau livre au titre incontournable « Le sexe et l’effroi » - « Il y a une cité divine et violente, derrière la cité humaine, et qui hante toutes les vies et qui a les traits de l’animalité, qui est toujours nue : le monde utérin, sombre, jaillissant, originaire, sexuel… »

Dans Le Monde du vendredi 12 octobre, le professeur Abdelmajid Chafi ancien doyen de la faculté des lettres et sciences humaines du Tunis écrit, entre autres : « Les fondamentalistes sont hantés par le corps de la femme. Il fantasment sur les attributs féminins et occultent la dimension humaine, personnelle et intellectuelle de la femme (…) On a pas besoin de recourir aux thèses féministes pour constater l’inégalité foncière qui frappait tous les membres des sociétés traditionnelles sans exception, les femmes étant placées tout en bas de l’échelle sociale, juste avant les esclaves ». Ils étaient « sous la coupe d’une aliénation mentale. »

Il va de soi que pour les uns nous avons tous des origines animales et pour les autres seuls les hommes échapperaient à cette ignominie… Il fallait être un grand singe pour inventer une idée pareille. Mais bon, tout cela est une histoire sans fin faite de bruit et de fureur racontée par des idiots. Il arrive pourtant, parfois, que certains vivent vraiment la Scène Originelle. C’est arrivé et ça arrivera encore et ça traumatisera encore quelques enfants qui vous diront que papa faisait mal à maman et qu’elle criait. Alors l’aliénation aidant, propagée par les discours religieux dont la légitimité n’est jamais fondée que sur l’autorité, il va de soi que ce n’est jamais de la tendresse et de la douceur de l’amour qu’il faudra arracher les cris d’une femme mais par la violence et la brutalité. Et Sade qui s’est donné tant de peine pour faire entrevoir sans voile cette propension que tout homme à de n’être qu’un Dolmancé n’a servit qu’à l’imaginaire de ceux qui se prennent pour des aristocrates de la sexualité.

Toujours dans le même Monde je lis un articles consacré à l’écrivain égyptien Alaa El Aswany dont je n’ai rien lu mais peut-être allons-nous nous y mettre. Son roman se passe dans la communauté égyptienne de Chicago – le titre c’est justement « Chicago ». Pour lui, la maladie du monde arabe c’est la dictature. Et l’extrémisme religieux est le résultat de la répression politique. Sans doute. Mais où sont les régimes islamiques qui ne soient pas répressifs ? Où sont-ils les régimes islamiques qui favorisent l’émancipation des femmes ? Bon, oui, nous le savons bien, enfin, quand nous disons nous le savons bien – disons plutôt que nous l’avons vu et observé trop souvent – que des victimes, maltraitées par des salauds qui se disent encore plus victimes qu’elles – pace que les salauds se font toujours passer pour des victimes – adhèrent à l’autre pensée victimaire et font malgré elles ami ami avec leurs bourreaux et parce qu’elles deviennent deux fois plus victimes elles ont toutes les chance de vendre leur calvaire à un tabloïd à la con. Donc, nous savons des femmes qui, en toute bonne foi acceptent de se castrer, de se torturer elles-mêmes, ne serait-ce que pour échapper aux tortures que leurs bourreaux ne manqueraient pas d’exercer sur elles si elles résistaient. Pour échapper à la violence de bourreaux, à la violence des pouvoirs mieux vaut se torturer soi-même – comme on dit, on est jamais mieux servi que par soi-même.

Soit, d’aucun dirons que c’est plus compliqué que cela. Mais non. Si nous cédons si facilement à ce type d’aliénation c’est en vertu du sentiment de culpabilité qui nous habite tous plus ou moins. Qui n’a rien à se reprocher ? Bref, que la répression politique y soit pour quelque chose admettons-le, sauf que les religions n’ont jamais été que des systèmes d’oppressions par d’autres moyens, des systèmes intériorisés. On est son propre oppresseur, son propre bourreau. Pas de pire ennemi que soi-même. Nous voulons dire l’autre, les autres qui sont en train de se chamailler, parce que ça traîne, parce depuis un moment nous voulions surtout mentionner quelque chose qui est arrivé à Alaa El Aswany dont le roman a été publié dans le quotidien Al-Doustour. Dès le premier épisode, les protestations ont fusé. « Si la jeune fille voilée a une relation sexuelle hors mariage, prends garde à toi ! » Menaçait régulièrement un lecteur. Ah oui, nous avions presque oublié que le propos de ce matin ensoleillé c’était le sexe de la femme et la religion.

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