mardi, juillet 31, 2007

Cinéma en berne.

Igmar Bergman est mort. Il ne jouera plus aux échecs avec elle, c’était prévu, il le savait mieux que personne, depuis 1967 lorsqu’il raconta :

«Toute ma conception religieuse s'est désintégrée. J'y ai été longtemps attaché, puis un jour, subitement, elle m'a échappé. Elle a disparu et, brutalement, je suis redevenu un être humain laissé seul, avec tout le reste de l'Humanité, sous un ciel vidé. J'ai ressenti cela comme une immense libération, et je me suis senti porté par un nouvel élan.
L'apôtre Paul dit: «Moi qui suis un être de chair vendu au pouvoir du péché.» Cette attitude pernicieuse du religieux, qui fait que l'on porte toute sa vie cette mauvaise conscience, nous paralyse terriblement. Il faut des forces immenses pour surmonter cela, alors qu'on en aurait besoin pour tout autre chose de plus vital, de plus réel.
Et c'est, au fond, grâce à cette libération du religieux que j'ai pu utiliser ces forces dans d'autres domaines plus en harmonie avec moi-même. Ce qui, bien sûr, ne signifie pas qu'il ne faille pas aussi faire, un peu plus chaque jour, des progrès sur le plan moral, esthétique et humain.»

Dans Jeux d’été un film sur les problèmes du couple; un conte amer sur les amours d’une jeune ballerine, Marie, déclarait : « Si dieu existait, il faudrait lui cracher au visage».

En lisant ça j’ai pensé à « l’ogre » de Chessex. Le fils du père disait : « dieu est un salaud ». Plus tard Chessex enferma dieu dans le sexe de la femme. Pour un type qui se nomme Chez sexe c'est naturel. Mais il n'est seul dans son cas. Dans son beau roman : Plateforme, Houellebecq écrit : "Pour accéder réellement à la possibilité pratique du bonheur, l'homme devrait sans doute se transformer - se transformer physiquement. A quoi comparer Dieu? D'abord évidemment à la chatte des femmes."

Ici, j'ouvre une grande parenthèse. Cette phrase de Houellebecq était la dernière de la page 157 et je ne l'ai tourné que bien plus tard dans la journée après avoir jeté ces réflexions sur mon bloc notes avant de les jeter ici.

*******

(Pourquoi faut-il toujours aborder le divin, que ce soit d’un point de vue paganiste, tout est divin, donc la nature, le ciel et la terre, ou religieux, du seul point de vue de l’esprit. Si tout est divin alors le divin n’existe pas et s’il relève seulement de l’esprit comme catégorie simplement métaphysique et pas encore naturalisé ce sont tous les esprits qui sont divins. Faire de l’esprit la divinité devrait nous faire rigoler et lorsque l’on se penche sur le cerveau qui est soi-disant son siège alors on devrait s’asseoir sur la tête. Parce que le point de vue se situe toujours dans le cerveau, que notre tête est lourde que le reste et que du point de vue de la gravité on devrait marcher aussi sur la tête. Et c’est bien ce que nous faisons quand nous pensons au divin. Le divin par rapport au profane c’est comme un coup de pied au cul. Ca induit tout de suite le respect celui que l’on attribue à la perfection, tandis que le profane renvoie au vulgaire, à l’imperfection. Faut-il du divin dans le sexe pour le faire échapper à la vulgarité du profane ? L'accoutrer de catégories religieuses, paradisiaques, cosmiques pour qu’il acquière une perfection plus certaine que celle qui lui fourni la nature ? Le sexe n’est-il pas assez poétique en soi ? La source plus que l’esprit de la créativité ? Certes, cela requière pour être effectif comme un usage un rien pervers du sexe dans son principe de sublimation et pour demeurer dans le sublime là où se situent les artistes soit le sexe disparaît soit il fait un retour quelque peu nostalgique entaché de pureté et même d’impuretés comme il se doit au moins depuis Saint Augustin. L’impureté condition de la pureté. Le péché condition du bien.

« A travers le langage et dans les institutions hautement hiérarchisées que sont les religions, l’homme hallucine des « objets » partiels – témoins d’une différentiation archaïque du corps sur la voie de l’identité propre qui est aussi l’identité sexuelle. » (J.K. Pouvoirs de l’horreur.))
Et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je tournai enfin cette pas 157 pour lire la suite. Ca continue comme ça.
"mais aussi, peut-être, aux vapeurs d'un hammam. A quelque chose de toute façon dans lequel l'esprit puisse devenir possible."

Et voilà, c'est bien triste.

*******

Heureusement qu’il n’existe pas ! Sinon, c’est pour le coup que l’amour deviendrait une chose vraiment sale, dégoûtante, répugnante ! Mais peut-être est-ce aussi là dans ce fantasme récurent, qu’un certain abbé Grégoire qui crachait de l’eau bénite dans le vagin des femmes enceinte – pour sauver l’enfant au cas où viendrait a mourir – le situait.

Comme on peut le voir ils sont encore nombreux les "esprits éclairés" à être captifs, sous l'influence délétère quoique... de l'ancien test-amant.

Là, je demande si on a demandé, par simple curiosité aux prêtres pédophiles de l’église américaine qui a craché non pas de l’eau bénite mais plus de deux milliards de dollars pour leur rédemption, en quel lieu avaient-ils mis leur dieu ?

Parce qu’il faut bien reconnaître que tous les salauds de la terre finissent presque toujours par justifier leurs saloperies au nom de dieu. Dieu le veut, par ici, tuez-les tous dieu reconnaîtra les siens, par là, c’est la volonté de dieu… etc. Aussi, on les verrait suprêmement emmerdés si ce mot venait à être frappé d’interdit au même titre que les propos racistes. Lors, on aurait raison de penser avec Nietzsche que tous les criminels sont des malades qu’il faut soigner. On risquerait de manquer de psy.



C'est encore Antonioni qui tire sa révérance mais je doute que les télévisions nous fassent plaisir en diffusant l'Avventura, la Notte ou un autre chef-d'oeuvre sans parler de la joie que me ferait de voir celle dont je fus toujours amoureux, la sublime Monica Vitti.


D'acord, une chaîne a diffusé pour la ixième fois Bluw up - c'est dans l'air du temps, la mode, les manequins, le milieu ça colle. En revanche j'ai regardé l'Avventura sur Arte et j'ai mouillé devant la Vitti et râler devant ce connard de macho italien qui se tape une morue pendant qu'elle attend. A cette époque, les années soixante, quand les curés faisaient encore la loi et les bigots et les bigottes, quand la merde spirituelle étalait sont odeur de mort et de mortification sur les plages polluées par des baigneurs français qui se baignaient en slips, le désir, qui se traîne sur une îles déserte et fait grimacer cette multitude de ploucs qui cernent la Vitti avec leurs yeux de tueurs refoulés c'est encore une image du fascisme qui n'en a pas fini avec ses grossesses monstrueuses.

D'avance à ces télés oublieuses, minables et moteurs de l'abrutissement, je leur crache dessus.

Aucun commentaire: