mardi, novembre 27, 2007

Hadès

La dernière question philosophique concerne le suicide. Je ne me rappelle plus si Camus formulait ainsi sa proposition mais il nous semble qu’il y a du vrai là-dedans. D’un autre côté un petit psychologue canadien qui s’étale sur un site réfute la notion de pulsion de mort. Pourtant, chaque année un million deux cent mille personnes se suicident dans le monde et ce chiffre ne prend pas en compte ceux qui se tuent accidentellement, ceux qui se sacrifient dans des actes de bravoure, ceux qui s’engagent dans des guerres absurdes, ceux qui se dressent seules et désarmés en face d’une colonne de blindés, ceux qui, sans savoir pourquoi, dévient tout à coup sur la gauche avec leur bagnole pour emplafonner un gros cul, autant d’actes suicidaires et inconscients. Eros et Thanatos c’est donc bidon. Bon tout ça pour dire que nous nous croyons à la pulsion de mort. Nous la voyons à l’œuvre dans la mondialisation, dans l’empoisonnement de notre environnement, dans la destruction de la nature, dans la course même à l’immortalité dans l’éternelle interrogation : mais pourquoi a-t-il fait ça ? Non, ils ne savent pas ce qu’ils font. Et ce qu’ils font le plus naturellement c’est encore tuer. C’est toujours l’autre qu’on tue, l’autre du même, comme le lieutenant Thomas G. de Knut Hamsun. – Ernest Hemingway voulait écrire comme Hamsun, Henry Miller aussi. Il l'appelait son maître. Thomas Mann l'adorait, Herman Hesse l'appelait son favori. Les écrivains russes comme Andre Bely et Boris Pasternak lisaient Hamsun constamment dans leur jeunesse, André Gide le trouvait supérieur à Dostoïevski. Ils l'ont tous lu – Kafka, Brecht, Gorky, Wells, etc. – nous aussi nous l’aimons et pourtant, comme Céline ou Heidegger il pris le parti des nazis par haine de cette espèce humaine, hypocrite, tueuse, vaniteuse, violeuse à la con et merdique toujours, captive de cette pulsion de mort jusque dans cette proposition débile… Croissez et multipliez. Déjà qu’il est bien difficile de vivre à plusieurs, en famille… La plupart des meurtres se passent en famille, les viols idem, toute cette banalité du mal est si écoeurante que soit vous tuez n’importe qui soit vous vous tuez ce qui revient finalement au même. Ce dégoût que peut inspirer notre espèce est parfois assez violent pour vous faire prendre parti pour le mal absolu dont le but semble être sa destruction total et des centaines de milliers de savants, de cerveaux supérieurs travaillent sans relâche à la recherche de l’arme absolue. Nous sommes le fruit du hasard et notre disparition sera la fleur de ce fruit et c’est la vie elle-même qui le nourrit. Déjà, c’est vachement drôle, grâce à la mondialisation le moustique

porteur de la dengue et du chigoungouya vient de passer les Alpes. En 1918 ce sont les armées allemandes revenues du front de l’Est qui amenèrent la grippe dite espagnole alors qu’elle venait d’Asie, sur le front occidental pour liquider près de cent millions d’individus. Les hommes sont capables d’aller n’importe où pour ramener la mort, cette fin qui les terrorise et les fascine en même temps. Marx qui était peut-être le dernier chrétien comme l’écrit Michel Henry a été trahi et corrompu par ceux qui prétendaient l’avoir compris – aujourd’hui peut-être dirait-il comme Lacan que ceux qui prétendent me comprendre sont des imbéciles – puisqu’ils ont fait absolument le contraire. Là où Marx ne défendait que le principe de la vie ils ont édifié des systèmes fondés sur le mépris de la vie. Mais dire que Marx fut peut-être le dernier chrétien c’est encore une fois de plus le trahir parce que toute religion n’est rien d’autre qu’une imposture et une trahison fondée sur une sorte de perspicacité psychologique. Vive les moustiques Hadès !

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