samedi, février 09, 2008

entre vous et moi.

J’ai entendu parler ce matin d’un court poème très habile : « Moi, nous. » C’est tout l’homme en somme – surtout l’homme politique. Une forme idéale de la concentration des pouvoirs, le pouvoir et l’ordre de tout discours. Le moi est toujours et déjà l’autre… Celui que l’on ne connaît pourtant jamais, l’autre du même pour ne pas dire l’antre comme entrisme. Entre deux et va te faire foutre. L’un vulgaire et l’autre idéal, comme l’idéal du premier – construction hâtive de notre petite mythologie. Impossible d’y échapper sauf au prix fort, renoncer à la liberté, - endosser toute sorte de vestes, pouvoir les retourner – et que dire des doublures ? Ah, le satin, la soie des doublures, le logo de la marque ! Doublé par-ci doublé par-là et sous le satin, la soie, la force comme camisole. Vous avez dit Dolce Gabana ? Gucci ? C’est donc ici que je me sens dépasser. Pourtant je me suivais à la lettre, au pied d’icelle vautré, alangui quasi, de lui à moi quand, après une longue pause parce que je pause donc je suis, j’ai parcouru Le Monde de vendredi – un samedi, évidemment – et je suis tombé, page 32 sur un article de Régis Debré, l’autre de l’autre du compagnon du Che, un article que je parcours donc en lisant, au milieu de l’article donc, ces phrases imprimées en caractères gras comme si elles donnaient le la où le là et qu’est-ce que je lis « S’engager a un double sens, et ce n’est pas un hasard : se mettre au service d’une cause et bloquer son agenda. Quand maintenant c’est maintenant, le nous n’a plus d’autorité sur le moi ». Le hasard fait bien les choses. Le nous est bien l’idéal par définition. Non pas sacrifice du moi mais instance psychologique, différence d’une autorité déjà soumise aux aléas de l’inconscient et qui nous fait sans cesse l’article, non pas parce qu’il serait une instance morale, voire une sorte de récapitulation de nos échecs – sommes toute rarement idéalisés – mais le presque-rien qui n’est jamais que le manque de quelque chose d’où une forme d’attente, comme rester interdit, tout soudain figé, comme frappé par un éclair venu d’un ciel sans nuage. Et des nuages j’en vois qui s’accumulent dans ce qui me sert ici à saisir un sens qui nous soit commun au risque d’ajouter que quel qu’il soit pour être passé de l’autre au nous par le moi qui les contient et sans quoi ils sont tout aussi nuls et non avenus que la quadrature du cercle et je m’aperçois que le travail ne fait que commencer. Et voilà qu’il me parait tout à coup insurmontable. Parce que je me fous comme de l’an quarante du « salut » et d’autres trucs tellement à la mode comme la « rédemption ». De plus, je manque totalement de courage.

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